Rencontre avec Blandine Milcent, correspondante de L'Express
Je suis correspondante : mon journal et ma radio se trouvent en France, et moi je suis chargée de raconter ce qui se passe en Allemagne.
Oui, je suis correspondante d'un journal hebdomadaire - donc il paraît une fois par semaine - qui s'appelle L'Express, mais je travaille aussi pour une radio, RTL.
Grosso modo, on peut faire toutes les études qu'on veut pour devenir journaliste. Une possibilité, c'est de rentrer dans un journal et de faire une sorte de stage.
C'est aller dans une entreprise, un journal ou une radio, et apprendre le métier avec les gens qui travaillent là. En général, tu n'es pas payé. C'est de plus en plus difficile de faire ça. La deuxième possibilité, c'est de faire une Ecole de Journalisme: on étudie en général un ou deux ans à l'université et on passe un concours. Ceux qui sont considérés comme les meilleurs sont sélectionnés. J'ai fait une école pendant deux ans pour apprendre le métier : comment on fait de la radio, comment on organise un journal, comment on fait de la télé.
Non, il y a des choses qui sont moins d'actualité mais qui m'intéressent, par exemple, en ce moment, je travaille sur le thème : pourquoi les Allemands font moins d'enfants que les Français. C'est bizarre, ce sont deux pays qui pourraient se ressembler mais alors, pourquoi font-ils moins d'enfants? Ce n'est pas l'actualité, mais un sujet de société, pour comprendre pourquoi les gens se comportent différemment. Donc je vais écrire un article là-dessus.
L'Express, que vous voyez là, parait le lundi. Et les élections ou les référendums, par exemple, ont presque toujours lieu le dimanche, c'est-à-dire la veille.
Pour un référendum, par exemple, on prépare à l'avance deux versions : une si la réponse est non, et une si c'est oui. Ensuite, la rédaction appuye sur le bouton NON ou OUI. Ils relisent évidemment leur papier pour savoir si ça va encore. Donc, dans ce cas, ils travaillent beaucoup beaucoup les semaines d'avant.
Je lis les journaux tous les jours, j'écoute la radio, je regarde la télévision, je regarde ce qui se passe en Allemagne. J'ai aussi des agendas, ça veut dire que les gouvernements m'envoient les rendez-vous qu'ils ont pour la semaine, par exemple entre les députés et la chancelière, ou bien je sais s'il y a un ministre français qui vient en visite. Tout ça me permet de faire une liste de sujets intéressants et après, je téléphone à mon journal et je leur dis, le Président de la République vient dîner demain, ça vous intéresse ?
Ça peut être des gens connus ou pas spécialement.
Je ne sais pas s'il y a des questions qu'on ne doit pas poser. Je crois qu'on peut poser toutes les questions, sauf des questions où les réponses sont évidentes.
C'est sûr, ça fait rigoler mais je ne sais pas si ça lui plairait. Une bonne question pour moi, c'est une question qui fait parler la personne de façon un peu étonnante. Les personnalités politiques se font tellement souvent interviewer qu'elles répondent un peu toujours la même chose. Si on arrive à trouver la question qui va les étonner et qui va leur faire répondre quelque chose d'un peu différent de ce qu'on entend d'habitude, alors c'est une bonne question. Une bonne question, ça peut être aussi une question qui fait dire la vérité ou qui amène quelqu'un à raconter sa vie.
Le métier de pigiste, c'est comme ça : des fois, il faut travailler beaucoup et des fois moins, donc je ne peux pas vraiment dire. Mais oui je travaille beaucoup, au moins à plein temps. On est censé travailler tous les jours. Vous imaginez un attentat et le journaliste dit : bah non, j'ai promis d'aller à la piscine avec mon fils, je ne viens pas. Ce n'est pas possible.
J'aime bien voir des gens différents, c'est le côté contact qui me plaît, j'aime bien apprendre des choses. J'aime bien expliquer, écrire, faire comprendre les choses. Parfois, on rencontre quelqu'un de très simple le matin puis quelqu'un de très connu le soir, ils sont tout aussi intéressants l'un que l'autre et j'aime bien ces mélanges là.
Le fait de passer beaucoup de temps à écrire un article, à trouver des informations et une fois le papier envoyé à Paris, on vous dit qu’il n'y a pas eu assez de place, et qu'on l'a réduit à dix lignes. Une fois, j'ai travaillé pendant trois jours et on n'a retenu qu'une seule phrase de mon travail. Les jours comme ça, c'est désagréable.
Qu'est-ce que vous trouvez d'intéressant à poser des questions aux gens ?