L'Euro de foot avait très mal commencé: dans les grèves et les ordures. La France, prise dans un conflit social, se lançait dans une compétition en pleine grève des éboueurs. Mais peu à peu la magie du foot a repris le dessus: les conflits sociaux ont été mis de côté, le chômage a été oublié, la grogne et mauvaise humeur française habituelle calmée. Par les buts des attaquants français (et en particulier du jeune Antoine Griezmann), les Français ont commencé à rêver et la ferveur bleue s'est emparée du pays. Oubliées les mésaventures de l'équipe nationale, oubliée la triste décennie qui commençait avec le coup de boule de Zidane (un traumatisme national) et qui culminait avec la grève des joueurs lors de la coupe du monde de 2010. Le public soutenait son équipe et commençait à croire à un titre européen. Cela se voyait dans les rues: les cafés étaient remplis, la fan-zone devenait quasiment chaque soir un océan humain, les voisins s'entendaient hurler de joie. Les supporters étrangers n'étaient pas en reste, et la cohabitation avec les Français fut généralement chaleureuse. Les Irlandais par exemple furent des supporters exemplaires et remarqués ! Peu à peu, la France a pris confiance en elle : elle s'est parée de drapeaux tricolores (en particulier pour la demi-finale et la finale). Oubliée l'affreuse année 2015 marquée par deux attentats terroristes, oublié le deuil, oublié l'effroi, oublié ce match France-Allemagne du 13 novembre 2015 où la France soudainement basculait dans la peur. La France se rassemblait de nouveau, mais non plus pour se recueillir et pleurer, mais pour vibrer au rythme des matchs, et en particulier pour cette demi-finale franco-allemande, clin d'œil aux événements de 2015. Et c'est peut-être là le plus merveilleux résultat de cet Euro, car même si chacun tremblait en craignant un nouvel attentat, cette gigantesque fête nous a montré que les terroristes n'avaient pas gagné, que nous savions encore vivre. Vivre de bonheur, même sans gagner la finale !